Economie

Le Gabon met fin à l’exportation de manganèse brut : Eramet joue la carte de l’apaisement

Le gouvernement gabonais a franchi un nouveau cap dans sa politique de transformation locale des ressources naturelles en annonçant la fin de l’exportation de manganèse brut à compter du 1er janvier 2029. Une décision stratégique qui vise à renforcer la valeur ajoutée nationale, dans un contexte de réorientation industrielle. Si cette mesure suscite interrogations dans le secteur minier, le groupe français Eramet, majoritaire au sein de la Comilog, a rapidement réagi en affichant sa volonté de rester engagé au Gabon.

Dans un communiqué publié ce lundi 02 juin 2025, le groupe a salué l’ambition portée par les autorités gabonaises. « Eramet reconnaît l’ambition portée par les autorités gabonaises et, en tant que coactionnaire majoritaire de Comilog, continuera de travailler avec l’État dans un esprit de partenariat constructif et de respect mutuel », peut-on lire.

Présent au Gabon depuis plus de 30 ans, Eramet se dit déterminé à préserver le rôle stratégique de Comilog, qui est aujourd’hui l’un des piliers de l’économie nationale. À travers la Comilog et la Setrag, ce sont plus de 10 000 emplois directs et indirects qui sont concernés. Le groupe entend donc poursuivre son accompagnement au développement du pays, tout en s’adaptant à la nouvelle donne.

Cette réforme s’inscrit dans la volonté du Gabon de ne plus se contenter d’exporter ses matières premières brutes. Après le bois, dont l’exportation en grume a été interdite en 2010, le manganèse entre désormais dans le viseur des autorités. L’idée : faire du pays un pôle industriel en Afrique centrale, en valorisant ses ressources localement.

Il faut dire que le pays ne part pas de zéro. Depuis 2014, le Complexe métallurgique de Moanda (CMM) assure déjà une première transformation du minerai extrait. Mais pour les autorités, l’ambition est désormais de passer à la vitesse supérieure, en incitant les compagnies à investir davantage dans la chaîne de valeur locale.

Selon les projections officielles, cette politique pourrait permettre de tripler la valeur ajoutée du secteur du manganèse, passant de 293 milliards de FCFA en 2010 à près de 900 milliards d’ici fin 2025. Du côté d’Eramet, la réponse est mesurée mais résolument diplomatique. Le groupe dit « prendre acte » de cette orientation politique et entend « identifier de nouvelles opportunités contribuant au développement économique du Gabon sur le long terme ».

Reste à voir comment cette volonté de transformation locale sera concrètement mise en œuvre, et dans quelles conditions les opérateurs historiques seront accompagnés dans cette transition. D’ici 2029, la marge de manœuvre reste étroite, mais le signal est clair : le Gabon veut désormais mieux tirer profit de ses richesses, sur son propre sol.

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