Services Publics : Entre tournées politiques et administration paralysée, les citoyens agacés


Alors que l’appareil gouvernemental se déploie à travers le pays avec une partie des ministres aux côtés du président Oligui Nguema et une autre en campagne politique pour le compte de l’Union Démocratique des Bâtisseurs, une réalité moins reluisante se dessine dans les couloirs des ministères à Libreville. L’administration tourne au ralenti, ou est à l’arrêt, laissant les citoyens dans l’expectative.
La continuité de l’État : un principe théorique
Sur le papier, l’argument officiel, bien rodé, veut que les secrétaires généraux, véritables patrons administratifs des ministères, gèrent les affaires courantes en l’absence de leur ministre de tutelle.
Cette organisation pyramidale devrait, en théorie, permettre à la machine administrative de fonctionner sans interruption pour garantir la permanence de l’action gouvernementale.

Mais de nombreux dossiers jugés stratégiques ou nécessitant une signature ministérielle se retrouvent empilés sur des bureaux, dans l’attente du retour du « patron ».
Cette culture de la centralisation du pouvoir, où le paraphe du ministre est indispensable pour débloquer les situations, crée un véritable goulot d’étranglement administratif qui pénalise l’usager et freine l’économie.

Le parcours du combattant d’un entrepreneur
C’est l’amère expérience que vit actuellement un jeune entrepreneur ayant requis l’anonymat. Son dossier de demande d’agrément, crucial pour le lancement de son activité et la création d’emplois, est bloqué depuis plusieurs semaines.
« On me répète chaque jour que le dossier est complet, qu’il a reçu tous les avis techniques favorables, mais qu’il manque la signature de la ministre », confie-t-il, désemparé.
La ministre est en tournée, et personne ne sait quand elle pourra s’occuper des parapheurs. Je suis bloqué parce que la ministre fait de la politique au lieu de s’occuper de son ministère. »
Une confusion des genres

Le cas de Jean-Pierre est loin d’être isolé et met en lumière une problématique plus profonde de gouvernance. Pour de nombreux observateurs, ces tournées simultanées s’apparentent à une campagne électorale déguisée, financée indirectement par les moyens de l’État au détriment du service public.

La présence des ministres sur le terrain est certes importante, mais elle ne devrait pas se faire au prix d’une paralysie de l’administration centrale, qui reste le cœur battant de la nation.
La délégation de signature, souvent présentée comme une solution, montre ici ses limites. Les hauts fonctionnaires, craignant de prendre des initiatives qui pourraient leur être reprochées, préfèrent attendre le retour de l’autorité politique.