
Alors que près de 94% des contrats sont attribués sans appel d’offres, le Chef de l’État, hier à la tête du CTRI, feint la surprise. Une posture qui frise le mépris.
Selon les échos du récent Conseil des Ministres, relayés par nos confrères de Dépêches 241, Brice Clotaire Oligui Nguema se serait étonné de ce chiifre pourtant atteint sous sa présidence.
L’étonnement. Voilà donc la réaction officielle face à une gabegie qui s’est non seulement poursuivie, mais littéralement envolée sous la transition militaire. Une Transition dont le chef n’était autre que Brice Clotaire Oligui Nguema lui-même, alors président du Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI).
Aujourd’hui président de la République, il s’étonne que le CTRI ait pu, durant cette même transition, octroyer 93,25% des marchés publics en catimini, alors qu’il était aux premières loges, si non à la manœuvre.
Comment celui qui incarnait le sommet de l’État durant cette période, celui qui avait promis la rupture avec les « dérives de l’ancien régime », peut-il aujourd’hui lever les bras au ciel face à une réalité qu’il a, au minimum, laissé prospérer ?

« Ce glissement vers le gré à gré massif s’est accentué sous la transition, avec la bénédiction implicite et parfois même explicite des plus hautes sphères du pouvoir. Mais qui d’autres que le CTRI et son président pouvaient-elles être ? » Demande ironiquement un concitoyens.
Sagit-il d’une naïveté confondante, une amnésie sélective ou, plus cyniquement, une tentative grossière de se défausser de ses responsabilités ?
Mais pendant qu’Oligui Nguema joue les étonnés, le Code des marchés publics gabonais, avec son article 71 qui limite l’entente directe à 15% (sauf urgence nationale dûment justifiée), est piétiné et transformé en simple suggestion décorative.

S’étonner que des entreprises comme Ebomaf, BMC, ou le Rois des Chantier, dont « l’émergence sur la scène publique coïncide étrangement avec l’arrivée des autorités de Transition », se taillent la part du lion, relève d’une performance d’acteur qui ne trompe pas grand monde.
Mais l’heure n’est plus à l’étonnement, c’est le moment de rendre des comptes. Il faut expliquer comment la promesse de restauration s’est muée en consécration du favoritisme et de l’opacité.
Les milliards de francs CFA qui s’évaporent dans des contrats « souvent surfacturés, mal exécutés, voire non réalisés » sont le fruit d’un système que votre CTRI n’a manifestement pas combattu, bien au contraire.

Les Gabonais qui vous ont élu et les PME locales sérieuses, sacrifiées sur l’autel de ces arrangements, méritent mieux. Ils attendent une véritable rupture, pas une simple rotation des bénéficiaires du système.
Si vous vous étonnez aujourd’hui, qui donc était aux commandes hier ?