Société

Maroc : des étudiants gabonais expulsés faute de paiement des bourses

Un nouvel épisode vient rappeler la précarité des étudiants gabonais à l’étranger. À travers un courriel officiel, l’Université Internationale de Rabat (UIR) a confirmé l’exclusion de plusieurs étudiants gabonais de ses effectifs et de leurs logements universitaires pour défaut de réinscription. En cause : le non-paiement des allocations et des frais de scolarité pris en charge habituellement par l’État gabonais.

« Les preuves sont là. Les étudiants gabonais sont chassés de leurs écoles, privés de toit et de leur droit à l’éducation, non pas par faute personnelle, mais à cause d’un système qui les abandonne », alerte le jeune Gabonais Yan Ngangori, dans un message relayé sur les réseaux sociaux.

Au Maroc, comme dans d’autres pays hôtes (France, Belgique, Russie, Tunisie, etc.), les retards chroniques de versement des bourses plongent les étudiants dans une spirale de dettes, d’humiliations et parfois même d’expulsions. Beaucoup vivent sur les campus universitaires, et la perte du statut d’étudiant entraîne automatiquement la perte du logement, créant une situation d’errance.

Une crise récurrente

Le problème n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) est régulièrement pointée du doigt pour ses retards et son opacité de gestion. Chaque rentrée académique ravive la même angoisse : les étudiants et leurs familles se demandent si les frais de scolarité seront réglés à temps.

Or, l’éducation à l’étranger est un enjeu stratégique pour le pays. Le Gabon investit dans la formation de ses jeunes à l’international, notamment dans des filières de pointe (médecine, ingénierie, intelligence artificielle, sciences politiques). Mais les carences administratives et financières ruinent souvent cet effort en compromettant les parcours académiques.

Une responsabilité partagée

Du côté des autorités, le silence reste la réponse la plus fréquente. Pourtant, la situation interpelle : comment un pays qui affirme vouloir préparer son avenir peut-il se permettre de sacrifier ainsi sa jeunesse en formation ? À l’inverse, les universités partenaires ne peuvent indéfiniment tolérer les impayés sans mettre en péril leur propre fonctionnement.

Ce blocage met en évidence un manque de coordination entre l’ANBG, le Trésor public et les établissements étrangers. À cela s’ajoute l’absence de communication transparente envers les étudiants, souvent laissés dans l’incertitude jusqu’au dernier moment.

Quelles solutions possibles ?

Le problème, bien que complexe, n’est pas insoluble. Plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Un calendrier de paiement contraignant : L’État pourrait s’engager sur un échéancier clair et public de versement des allocations et règlements aux universités, afin d’éviter les blocages de dernière minute.
  • La digitalisation et la traçabilité : Une plateforme numérique transparente pourrait permettre aux étudiants de suivre en temps réel l’état de leurs dossiers, des virements et des paiements effectués aux écoles.
  • Un fonds d’urgence : La mise en place d’un fonds de solidarité, géré conjointement par l’État et des partenaires privés, pourrait servir de relais en cas de retard de paiement, pour éviter que les étudiants ne se retrouvent à la rue.
  • Un dialogue régulier avec les universités partenaires : Établir des conventions solides et actualisées permettrait d’anticiper les crises et de préserver l’image du Gabon.

Un appel à la lucidité collective

Le cas de l’UIR au Maroc n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond : l’incapacité du système à protéger ses étudiants envoyés à l’étranger. Si rien n’est fait, c’est toute une génération de futurs cadres qui risque de rentrer au pays sans diplôme, avec un sentiment amer d’abandon.« Jusqu’à quand allons-nous fermer les yeux sur cette vérité ? », interroge Yan Ngangori. La question mérite d’être posée au-delà de l’émotion. Elle renvoie à un choix de société : celui d’investir sérieusement dans son capital humain ou de continuer à perdre ses talents dans l’indifférence générale.

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