
La récente cérémonie de hissage d’un drapeau monumental sur le site de Mont-Bouët, présidée par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, se voulait un puissant symbole d’unité nationale. Pourtant, cet acte patriotique a ravivé une polémique sensible, celle des noms de lieux hérités de l’ère coloniale.
De nombreux Gabonais se demandent comment célébrer la souveraineté et l’indépendance en un lieu qui porte le nom de l’officier colonial français, Louis Édouard Bouët-Willaumez ?
Sur les réseaux sociaux, l’ironie a fusé. « C’est le même Bouët le colon français, ou bien c’est un autre Bouët apindji ? », s’est interrogé ironiquement un internaute.
Cette interrogation reflète une aspiration à voir honorer les héros de l’histoire gabonaise et à finaliser la décolonisation de l’espace public.

Pourtant, la figure de Bouët-Willaumez est nuancée. Historiquement, c’est lui qui a fondé Libreville en 1849, et ce, précisément pour y installer des esclaves libérés d’un navire négrier arraisonné par la marine française.
Le nom même de la capitale (« ville des libérés ») témoigne de cet acte. Aussi, une partie importante de sa mission sur les côtes africaines était officiellement dédiée à la lutte contre la traite des esclaves.

La controverse de Mont-Bouët cristallise ainsi un dilemme profond, partagé par d’autres nations africaines.
Faut-il effacer les traces du passé colonial pour affirmer pleinement son identité, ou les conserver comme témoins d’une histoire complexe ?
L’imposant drapeau qui flotte sur Libreville « symbolise l’avenir », mais le débat qu’il a involontairement soulevé montre que le dialogue avec « le passé reste essentiel pour construire le futur ».