Oligui Nguema appelle Paris à un appui judiciaire renforcé pour solder les dérives financières de l’ère Bongo

La visite d’État d’Emmanuel Macron à Libreville a servi de cadre à une mise au point sans ambiguïté du président gabonais Brice Oligui Nguema sur l’héritage économique laissé par l’ancien pouvoir. Devant son homologue français, le chef de l’État a insisté sur la nécessité d’un renforcement de la coopération judiciaire afin d’accélérer le recouvrement des avoirs publics présumés détournés sous le régime Bongo.
Depuis son arrivée à la tête du pays, Oligui Nguema s’est engagé à clarifier les responsabilités financières accumulées au fil des années. Dimanche 23 novembre 2025, son discours a pris une dimension particulièrement directe : il a décrit la situation économique héritée comme un « gouffre », en évoquant la dette et les irrégularités financières attribuées à l’ancien président Ali Bongo Ondimba, à son épouse Sylvia et à leur fils Noureddin.
Un message ferme devant un partenaire stratégique
S’adressant à Emmanuel Macron, Brice Oligui Nguema a rappelé les attentes de Libreville :« Mon gouvernement fait face à une dette colossale, conséquence d’une gestion qui a manqué de transparence. Ali Bongo, son épouse Sylvia et leur fils Noureddin en portent la responsabilité. Ils se trouvent aujourd’hui à Londres, évitant la justice gabonaise ».
En choisissant de tenir ces propos devant l’un des alliés historiques du Gabon, le président gabonais envoie un signal diplomatique lourd de sens : tourner la page du système Bongo ne pourra se faire sans un soutien judiciaire concret de ses partenaires.
Coopération judiciaire : Libreville attend un engagement plus fort
Oligui Nguema a demandé à la France une implication accrue dans l’exécution des décisions de justice gabonaises, en particulier celles visant le recouvrement des biens supposément détournés. Cette coopération pourrait mobiliser non seulement Paris, mais également d’autres États européens, compte tenu du parcours international des membres de la famille Bongo et des réseaux de placements qui leur sont attribués.
Pour Libreville, l’enjeu dépasse le simple aspect judiciaire : il s’agit de restaurer la crédibilité de l’État, d’assainir la gestion publique et de démontrer à la population que les engagements de rupture pris après le changement de régime se traduisent par des actes.
La présence d’Ali Bongo au Royaume-Uni requalifiée
Autre point sensible : la situation actuelle d’Ali Bongo. Alors que ses proches évoquent un séjour médical en Europe, Oligui Nguema a rejeté cette version, parlant plutôt de « fuite ». Un terme qui marque un durcissement de ton et renforce la demande d’entraide judiciaire internationale.
En requalifiant publiquement la présence de son prédécesseur au Royaume-Uni, le président gabonais place la question de la reddition des comptes au centre de sa diplomatie. Ce positionnement s’inscrit dans la volonté affichée de lutter contre l’impunité et de rassurer l’opinion publique sur la détermination du gouvernement à faire la lumière sur les dérives du passé.
Cependant bien que le gouvernement par l’entremise du président veuille aujourd’hui l’application stricte des peines, le commun des gabonais a encore au travers de la gorge le départ de l’ancienne famille en Angola puis à Londres, leur permettant de « fuir » leur jugement. Car si aujourd’hui, on appelle à faire respecter la décision de la Cour criminelle spécialisée, une seule question demeure « QUI LES AI LIBÉRÉ ? »



