Le RDB devient parti politique : une nouvelle ère pour le pouvoir OLIGUI NGUEMA

Le Rassemblement des Bâtisseurs (RDB), plateforme politique qui a porté la candidature victorieuse du général Brice Clotaire Oligui Nguema à la présidentielle du 12 avril dernier, amorce une nouvelle étape de son existence. Ce mouvement deviendra officiellement un parti politique le 19 avril 2025, à l’occasion d’une assemblée générale prévue à Libreville.
C’est ce qu’a annoncé la coordination générale du RDB ce lundi 14 avril lors d’une conférence de presse. L’un de ses principaux visages, l’avocat Anges Kevin Nzigou, a déclaré :
« Cette assemblée aura pour vocation de donner une nouvelle vie à cette plateforme, de faire du RDB non plus une simple plateforme de soutien mais un véritable parti politique structuré, démocratique, fidèle à l’idéal du rassemblement, et désormais prêt à devenir la matrice politique de la future majorité du président. »
Pour mémoire, le RDB avait mené une campagne d’adhésions massive en soutien à la candidature du président de la Transition. Plus de 22 000 adhésions individuelles, 4 000 associations et 84 partis politiques y ont répondu favorablement.
Une stratégie qui a porté ses fruits : le général Oligui Nguema a été élu avec un score écrasant de 90,35 %. Son principal adversaire, Alain Claude Bilie By Nze, n’a obtenu que 3,02 %, tandis que les six autres candidats, peu connus du grand public, ont chacun récolté moins de 1 % des suffrages.
Le coordonnateur du RDB a par ailleurs précisé que les entités ayant adhéré à la plateforme retrouvaient désormais leur autonomie. Le but initial – soutenir Oligui Nguema – ayant été atteint, le RDB s’apprête à entamer une nouvelle phase de structuration.
En devenant un parti politique à part entière, le RDB ambitionne de devenir le pilier de la future majorité présidentielle. Il marque aussi symboliquement la fin de l’hégémonie du Parti Démocratique Gabonais (PDG), au pouvoir durant 56 ans avant d’être renversé le 30 août 2023 par un coup d’État militaire orchestré par le CTRI, dirigé par le général Oligui lui-même. Depuis, ce dernier a troqué le treillis pour le costume civil de chef de l’État.
Une critique s’impose.
La transformation du RDB en parti politique pose cependant plusieurs questions. Peut-on vraiment parler de démocratie quand un candidat rafle 90 % des suffrages ? Le passage éclair d’une plateforme de soutien à un parti de gouvernement laisse peu de place au pluralisme. En outre, l’extrême concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme qui a renversé le régime précédent, mené la transition et maintenant remporté haut la main l’élection mérite d’être interrogée.
Le RDB risque ainsi de devenir une nouvelle coquille hégémonique, là où le PDG avait échoué. La rupture avec le passé ne se décrète pas. Elle se construit avec des institutions fortes, des contre-pouvoirs, et surtout, un jeu politique ouvert et équilibré. Le Gabon attend encore de voir si cette promesse de renouveau tiendra ses engagements.