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Procès Bongo : « Un arrière-gout d’inachevé »

Sylvia Bongo et de son fils Noureddin ont été condamné à 20 ans de prison ce mercredi 12 novembre 2025. Mais pour de nombreux Gabonais, ce verdict rendu en l’absence des accusés est une conclusion amère mais attendue d’une époque marquée par l’opulence d’une élite déconnectée de la réalité d’un peuple.

Dans les rues de Libreville, la nouvelle est accueillie avec un mélange de satisfaction et de colère contenue.

« Vingt ans, ce n’est même pas assez pour tout ce qu’on a subi », lance, amer, un chauffeur de taxi qui a vu les prix flamber pendant que les routes se dégradaient.

« Ils se sont enrichis sur notre dos, ont acheté des châteaux à l’étranger pendant que nos enfants n’avaient pas d’eau potable dans les quartiers », poursuit-il, le regard dur.

Ce sentiment est partagé par beaucoup. Pendant des décennies, le « système Bongo » a été synonyme de gestion des richesses nationales.

Villa Nam d’Ali Bongo au quartier Sablière

Le contraste entre les villas luxueuses de la famille et la pauvreté dans laquelle vit plus d’un tiers de la population a nourri un ressentiment profond.

« On voyait les photos de leurs voyages, leurs voitures, leurs fêtes… C’était une insulte quotidienne », raconte Jeanette Koumba, une commerçante du marché de Luis. « Cette condamnation, c’est la fin du mépris ».

La chute de la « maison Bongo » symbolise la fin d’une ère où le nom seul suffisait à garantir pouvoir et impunité.

Le procès a mis en lumière l’ampleur des détournements présumés, avec des sommes colossales qui auraient pu transformer le quotidien des Gabonais.

Pour une jeunesse qui n’a connu que ce système, le verdict est un signal d’espoir, teinté de scepticisme.

« C’est bien qu’ils soient condamnés, mais maintenant, il faut que l’argent volé revienne au pays pour construire des écoles et des hôpitaux », explique Carl, étudiant en droit à l’Université Omar Bongo.

« On a trop souffert. Cette page est tournée, mais le livre de notre avenir reste à écrire, et il doit être différent ».

Le Gabon pleure ses milliards perdus, mais entrevoit, pour la première fois, la possibilité d’un avenir sans la dynastie qui a défini son histoire si longtemps.

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