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Raffinage du pétrole : le rêve chinois met-il en péril l’avenir de la SOGARA ?

L’annonce d’un protocole d’accord entre le gouvernement gabonais et le géant chinois China Road and Bridge Corporation (CRBC) pour la construction d’une nouvelle raffinerie à Port-Gentil rebat les cartes du secteur pétrolier national. Alors que ce projet est présenté comme une avancée majeure vers la souveraineté énergétique, il jette une ombre sur l’avenir de l’unique et historique raffineur du pays, la Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA), et son propre plan de modernisation.

Depuis sa création en 1964, la SOGARA est un pilier de l’industrie pétrolière gabonaise. Cependant, l’entreprise est aujourd’hui confrontée à des défis de taille. Ses infrastructures vieillissantes et des difficultés financières récurrentes limitent sa capacité à répondre à la demande nationale croissante en produits pétroliers.

Cette situation a contraint le Gabon, pourtant pays producteur de pétrole, à dépendre des importations pour satisfaire ses besoins en carburant.

Consciente de ces enjeux, la direction de la SOGARA avait elle-même dévoilé, en mai 2025, un ambitieux plan de développement. Ce projet, estimé à 40 milliards de francs CFA, prévoyait de tripler la capacité de production à l’horizon 2030, la portant de 900 000 tonnes à près de 2,7 millions de tonnes par an.

Le plan se déclinait en deux phases, une première, déjà entamée, de réhabilitation de l’usine actuelle pour augmenter la capacité à 1,25 million de tonnes d’ici 2027, suivie de la construction d’une nouvelle unité de production.

Ce projet, financé à 30% sur fonds propres et 70% par dette extérieure, devait permettre au Gabon d’atteindre l’autosuffisance en carburant et de couvrir ses besoins jusqu’en 2050.

Un coup d’arrêt brutal ?

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L’arrivée de la CRBC et de son projet de raffinerie « de dernière génération » sonne comme un véritable coup de théâtre. Signé le 14 octobre 2025, le mémorandum d’entente avec l’entreprise chinoise, déjà bien implantée au Gabon avec des réalisations comme le pont Port-Gentil-Omboué, semble avoir les faveurs du gouvernement.

Ce dernier met en avant un projet s’inscrivant dans une vision plus large de développement des infrastructures, avec notamment la construction de plus de 250 kilomètres de routes dans le nord du pays.

Le discours officiel souligne que la nouvelle raffinerie vise à « renforcer » la SOGARA qui « éprouve de plus en plus des difficultés à remplir ses missions ».

Cependant, dans les faits, ce partenariat stratégique avec la Chine soulève de nombreuses interrogations sur le sort réservé au raffineur national. S’agit-il d’un désaveu de son plan de modernisation ?

Alors que plusieurs entreprises étrangères avaient manifesté leur intérêt pour la construction d’une seconde raffinerie afin de « suppléer la SOGARA arrivée à bout de souffle », le choix s’est finalement porté sur la CRBC après six mois de négociations.

Quel avenir pour le raffinage national ?

La question de l’articulation entre ces deux projets est désormais centrale. Y aura-t-il une place pour deux raffineries à Port-Gentil ? La SOGARA et ses employés seront-ils intégrés au projet chinois, ou l’entreprise historique est-elle condamnée à un lent déclin?

Le gouvernement assure que le projet CRBC s’inscrit dans la vision du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, de transformation locale des ressources et de renforcement de la souveraineté énergétique. Avec une promesse de près de 20 000 emplois directs et indirects, l’initiative est socialement attractive.

Néanmoins, le silence autour de l’avenir du plan de développement de la SOGARA est assourdissant.

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