

Le couperet est tombé mardi 21 octobre. La Poste SA est en situation de quasi-faillite et doit se restructurer d’urgence. Mais derrière les chiffres alarmants et les plans de sauvetage se cache une réalité inflammable, avec une masse salariale absorbant 69 % des dépenses, le volet humain s’annonce comme le dossier le plus sensible d’une réforme à haut risque.
La séance de travail entre le Ministre de la Communication et les dirigeants de la Poste SA a mis en lumière un diagnostic implacable. Dettes massives, actifs sous-exploités, gestion chaotique… Mais c’est un chiffre en particulier qui retient l’attention.
69 % des charges de l’entreprise sont consacrés aux salaires. Une situation jugée insoutenable par la tutelle, qui a exigé des propositions concrètes pour réduire les coûts et relancer l’activité.

Au cœur du plan de redressement se trouve donc une « réduction encadrée de la masse salariale ». Si les contours de cette mesure restent flous, l’expression soulève une inquiétude majeure parmi les employés et les syndicats.
S’agira-t-il d’un plan de départs volontaires, d’un gel des embauches et des promotions, ou de licenciements purs et simples ?
Entre impératif économique et paix sociale

Le Ministre a insisté sur la nécessité de maintenir un « climat social apaisé » pour mener à bien cette transformation. Un appel au calme qui sonne comme un avertissement.
Le gouvernement sait que toute restructuration d’une entreprise publique, surtout lorsqu’elle touche à l’emploi, est un exercice périlleux.
Les conséquences peuvent aller bien au-delà des seuls aspects financiers, touchant à la santé psychologique des salariés et pouvant générer des conflits sociaux intenses.
Comment sauver l’entreprise sans sacrifier son personnel ? Les syndicats, encore silencieux, affûtent déjà leurs arguments. Contactés, ils rappellent que les employés ne sont pas responsables de la situation catastrophique de la Poste, qui découle d’années de mauvaise gestion, comme le suggère le compte rendu du Ministère de la communication.
Quelles garanties pour les salariés ?

La « réduction encadrée » devra être sérieusement négociée. Les représentants du personnel devraient exiger des mesures d’accompagnement fortes, telles que des conditions de départ attractives pour ceux qui choisiraient de quitter l’entreprise.
A cela, il faut ajouter des plans de reconversion et de formation pour les salariés dont les postes seraient amenés à évoluer, ainsi qu’une transparence totale sur l’audit financier et les choix stratégiques à venir.
Le dialogue social sera la clé pour désamorcer ce qui pourrait rapidement devenir une crise majeure. L’État, en tant qu’actionnaire et garant du service public, devra jouer un rôle de médiateur pour s’assurer que la restructuration ne se fasse pas uniquement sur le dos des travailleurs.