
Après plusieurs mois de revendications sans suites, et bien qu’ils ont été déguerpis de l’Assemblée Nationale où ils avaient décidé de faire entendre leur voix, là aussi sans succès, les étudiants recalés du concours d’entrée à l’ENA n’abdiquent pas.
Ils ont récemment fait de nouvelles révélations sur les nombreuses irrégularités qui ont entaché le dit examen.
C’est au cours d’un live Facebook que le collectif des 449 aspirants à l’école nationale de l’administration gabonaise s’est à nouveau exprimé.
Calculs statistiques et les différentes listes d’admissibilité à l’appui, les étudiants ont pu démontrer la véracité de leurs propos.
Dans la seule filière de Gestion administrative, on peut clairement voir dans les documents fournis, 59 admissibles sur 319 et un final de 65 admis.
Or pour être déclaré admis, il faut au préalable être reconnu comme admissible selon l’article 19 de l’arrêté de 1972 qui encadre l’organisation des concours administratifs en République Gabonaise.
En clair, plusieurs personnes dont les noms figurent sur la liste des admis, ne figurent ni sur la liste des candidats inscrits au concours ni sur la liste des admissibles.

« Ada Ruth Graziella ou encore d’Atome David, ils apparaissent tout deux, miraculeusement sur la liste des admis, c’est quand même incroyable » s’insurge un étudiant.
Au total, ce sont 35 personnes qui ont déclarées admises à ce concours sans pour autant avoir passé les épreuves écrites et orales.
Sur l’ensemble de résultats, 215 personnes sont, selon les informations agrégées, déclarées admises de façon frauduleuse. Soit parce qu’elles n’ont pas passé le concours, soit parce qu’elles ont des moyennes qui ne peuvent justifier leur réussite à l’examen.

Contactées, ni le ministère de la fonction publique, ni l’Office nationale des examens et concours, ni l’administration de l’ENA n’a daigné répondre.
Jeannot Kalima, ancien ministre de la fonction publique, en poste au moment des faits, a depuis été limogé, mais le flou quant à la suite sur ce dossier reste entier.
Marcelle Ibinga épouse Itsitsa, sa remplaçante est en charge de faire la lumière sur cet énième cas de fraude étatique.
C’est de ça qu’il s’agit. Maintenant nous sommes dans la 5e République un tel scandale est aberrant. Que les autorités tranchent définitivement cette question pour que les Gabonais soient fixés. Soit en fait la promotion des tricheurs, soit on combat la fraude et on sanctionne les tricheurs.
La position actuelle des gouvernants est un aveux et si les choses demeuraient ainsi, on en tirera simplement la conclusion qu’il n’y a aucune rupture avec l’ancien système, ainsi tous les discours qu’on nous sert ne sont que mensonge.
Mais un mensonge à ce niveau, quand on parle de la plus grande école administrative du pays, nous condamne, car il n’y a rien à attendre d’une administration faite d’incompétents et fraudeurs.
La méritocratie devrait constituer la valeur centrale d’un concours de cette nature, puisqu’il s’agit de former les futurs cadres chargés de bâtir et d’organiser le pays. Si les conditions d’accès sont déjà discutables, il sera difficile, voire impossible, de maintenir une administration efficace apte à répondre aux défis à venir. Le Gabon mérite bien plus.