2 850 milliards FCFA par an nécessaires pour moderniser l’eau et l’électricité au Gabon

Invité de l’émission Les 100 jours du gouvernement sur Gabon 1ère, le ministre de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie, Philippe Tonangoye, a livré un état des lieux sans détour de deux secteurs essentiels au quotidien des Gabonais : l’eau et l’électricité. Selon lui, les difficultés actuelles trouvent leur origine dans des décennies d’insuffisance d’investissements et de négligence en matière de maintenance.
« Les infrastructures sont vétustes, et cela fait près de 25 à 30 ans qu’aucun effort significatif n’a été consenti », a-t-il reconnu, en présentant ses excuses pour la « médiocrité » des services rendus aux populations. Il prévient toutefois que les améliorations ne seront perceptibles qu’à l’horizon d’un an et demi, voire deux ans.
Un déficit structurel majeur
Aujourd’hui, le pays dispose d’une puissance installée de 650 à 700 MW, un volume jugé largement insuffisant pour répondre à la fois à la consommation croissante du Grand Libreville, qui compte 1,8 million d’habitants, et aux besoins du reste du territoire, composé de 52 communes, 48 départements et plus de 3 000 villages. La fragilité du réseau s’est encore illustrée avec la panne nationale du 29 au 30 mai, dont le coût des réparations a été estimé entre 7 et 8 milliards de FCFA.
Un plan d’investissement colossal
Pour inverser la tendance, le ministre a annoncé la mise en place d’un programme d’investissement évalué à près de 2 850 milliards de FCFA par an sur une période de 7 ans. Un effort financier colossal, qui devra permettre d’augmenter la production, mais aussi de réhabiliter et moderniser les infrastructures de transport et de distribution. « C’est un travail de fond qui doit s’attaquer aux racines du problème », a insisté Philippe Tonangoye.
Concernant l’eau, plusieurs ouvrages longtemps à l’arrêt sont en cours de remise en service : la station de pompage du PK5, ainsi que les châteaux d’eau de la Cité de la Caisse, d’Alénakiri et de Ntoum. Par ailleurs, dans le domaine de l’électricité, 2 936 lampadaires solaires et 33 groupes électrogènes ont déjà été déployés dans 22 localités de l’intérieur du pays.
Vers une réforme de la SEEG
Le ministre a également annoncé la réforme de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG). Cette réorganisation prévoit la séparation des branches eau et énergie, une gouvernance plus efficace et des investissements mieux orientés. « Les chantiers sont lancés, mais les résultats demanderont du temps », a-t-il conclu.
Reste à savoir si l’État sera capable de mobiliser des financements aussi colossaux et surtout de garantir une gestion rigoureuse, condition indispensable pour que ces promesses ne se transforment pas en nouveaux rendez-vous manqués.