Aménagement du territoire : 150 millions de dollars pour l’éveil économique des villes secondaires

La Banque mondiale vient d’injecter 150 millions de dollars dans le Projet d’aménagement et de développement des infrastructures du Gabon (PADIG). Plus qu’un simple programme de construction, ce financement représente un pari économique majeur. Transformer sept villes de province en véritables moteurs de croissance pour réduire la dépendance écrasante du pays à sa capitale, Libreville.
Le Gabon, bien que très urbanisé, souffre d’une hypertrophie de sa capitale. Avec plus de 90 % de la population vivant dans les villes, cette concentration quasi-exclusive à Libreville crée un goulot d’étranglement économique. Elle laisse une grande partie du territoire en marge du développement et c’est précisément ce déséquilibre que le PADIG, soutenu par la Banque mondiale, entend corriger.
Un investissement pour débloquer le potentiel économique
Sur le papier, les 150 millions de dollars serviront à construire et réhabiliter des routes, des écoles et des ouvrages contre les inondations. C’est travaux ont pour objectif de fluidifier les échanges. Des routes modernes dans les régions d’Oyem ou de Franceville ne servent pas qu’à améliorer le confort des habitants.

Elles visent à réduire les coûts de transport, à faciliter l’acheminement des productions agricoles et forestières vers les marchés, et à connecter ces pôles secondaires entre eux et avec le reste du pays.
Les ouvrages de protection contre les inondations ne sont pas une simple dépense de confort. Dans des villes comme Lambaréné, régulièrement touchée par la montée des eaux, ils sont un prérequis pour sécuriser les investissements privés, protéger les commerces et les habitations, et éviter des pertes économiques récurrentes.
La construction d’écoles modernes est un investissement à long terme qui vise à doter ces villes d’une main-d’œuvre qualifiée, capable de soutenir de nouvelles activités économiques.
À court terme, ces chantiers devraient également générer des emplois locaux et injecter des liquidités directes dans l’économie de ces sept villes cibles.

Le défi de la gouvernance financière
Ces 150 millions de dollars soit une moyenne d’un peu plus de 21 millions de dollars par ville, vient grossir le portefeuille déjà conséquent de la Banque mondiale au Gabon, qui atteint désormais 2,145 milliards de dollars.
Cet engagement massif soulève la question cruciale de la gestion des fonds et de la soutenabilité de la dette.
Pour que cet investissement porte ses fruits, la transparence et l’efficacité dans l’exécution des projets seront primordiales. La réussite du PADIG ne dépendra pas seulement de la qualité des infrastructures construites, mais aussi de la rigueur de sa gestion financière.

Il s’agira de s’assurer que chaque dollar investi contribue réellement à l’objectif de diversification économique, sans se perdre dans les méandres de la corruption ou de la mauvaise gestion, des risques inhérents à tout projet d’envergure.
Si la somme est conséquente, elle doit être vue comme une amorçe, un capital de départ destiné à créer un effet de levier. L’objectif de la Banque mondiale et du gouvernement est que ces infrastructures publiques améliorées attirent par la suite des investissements privés, créant un cercle vertueux de développement.