Basketball gabonais: quand la Fédération joue les pères fouettards à distance

Un communiqué, une indignation officielle, et la toile s’enflamme. La Fédération gabonaise de basketball (FEGABAB) a publié sur sa page Facebook, le 14 août, un texte marquant son « indignation » face à une vidéo montrant l’entraîneur Ambroise Ambourouet, coach de Nzeng Ayong Basketball, agressant physiquement son joueur, Tracy Émane Minko. Un geste condamnable, certes, mais la manière dont la Fédération a choisi de réagir suscite de vives critiques.
Un communiqué express, sans enquête préalable
Le texte de la FEGABAB dénonce une « violence inouïe » et réclame à la Ligue de Basketball de l’Estuaire (LIBABE) l’ouverture d’une enquête et de sanctions exemplaires contre le coach. Jusque-là, rien d’anormal… sauf que, selon plusieurs observateurs, cette prise de position aurait été précipitée et déconnectée des procédures habituelles.
La journaliste sportive Raïssa Laure Medza n’a pas mâché ses mots en commentaire : « Où est la saisie officielle à la Ligue ? Et avant cela, la rupture de banc, Ligue-Fédération, a-t-elle trouvé une issue ? » Elle dénonce une sortie « calculée », pointant du doigt l’absence de concertation avec les acteurs directement impliqués : la Ligue, le club, le joueur et même le coach, qui est par ailleurs… le père du joueur.
Une réaction jugée opportuniste
Pour Medza, l’affaire révèle une tendance inquiétante : celle d’une fédération prompte à réagir publiquement, mais peu encline à se rapprocher de sa base. « Vous ne subventionnez pas les clubs, vous ne vous souciez pas de leur activité et organisation », écrit-elle, insinuant que ce coup de projecteur ressemble davantage à une opération de communication qu’à un réel souci de justice sportive.
Le malaise des relations Fédération–Ligue
En toile de fond, c’est tout le climat tendu entre la Fédération et la Ligue de l’Estuaire qui ressurgit. La rupture de collaboration entre ces deux instances, évoquée par la journaliste, pèse lourdement sur la gestion des incidents. Au lieu d’une enquête coordonnée et discrète, le public assiste à un échange indirect par communiqués interposés et commentaires Facebook.
Un enjeu d’image, plus que de discipline ?
Si la condamnation de la violence physique est nécessaire et indiscutable, la manière dont elle est orchestrée importe tout autant. Dans cette affaire, la FEGABAB semble vouloir se placer en garant des valeurs sportives… mais sans régler les tensions structurelles qui minent déjà le basketball gabonais. Résultat : une image de « père fouettard » qui sermonne à distance, alors même que les bases administratives et relationnelles restent fragiles.
L’affaire Ambourouet–Émane Minko ne se résume pas seulement à un geste répréhensible sur un terrain. Elle révèle, en filigrane, une gouvernance fragmentée où la réaction publique prend parfois le pas sur la coordination interne. Un match que le basketball gabonais ne peut se permettre de perdre, au risque de voir ses véritables problèmes rester… sur le banc.