Éducation: le syndicat des enseignants du Gabon dit « oui » à l’uniformisation au premier cycle

Alors que l’uniformisation des coefficients scolaires au premier cycle de l’enseignement secondaire suscite débats et polémiques, le Syndicat des Enseignants du Gabon (SEG) a affiché son soutien. Toutefois, certains jugent cette mesure inopportune, estimant que le pays devrait plutôt concentrer ses efforts sur le renforcement des sciences et des matières techniques.
Le syndicat valide la réforme
Désiré Mba Nkoghe, président du SEG, défend l’harmonisation des coefficients:
« On nous parle aujourd’hui de l’harmonisation des coefficients. C’est une innovation pour notre système éducatif mais ça se fait déjà ailleurs. Donc, si ça arrive au Gabon, ce n’est pas une mauvaise chose. »
Et d’ajouter:
« Lorsque les techniciens de l’éducation eux-mêmes disent que c’est faisable et pratique, je pense qu’il est mieux que l’on avance vers cet objectif-là pour faire en sorte que notre système éducatif également s’arrime à l’évolution du temps. »
Des critiques virulentes
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Gabonais se montrent dubitatifs, voire hostiles à la réforme. « N’importe quoi », commente un internaute, tandis qu’un autre s’interroge: « Si c’est un bon choix, pourquoi autant de vidéos visant à le justifier ? »
Cette mesure paraît surtout inopportune dans la mesure où le Gabon devrait plutôt mettre l’accent sur l’apprentissage des sciences pures et des matières techniques pour booster le développement du pays.
Les chiffres qui interpellent
Les inquiétudes exprimées trouvent un écho dans les données disponibles :
- Chômage élevé des jeunes: 35,7 % selon le ministère du Travail, jusqu’à 38 % selon la Banque mondiale, contre 22 % en moyenne nationale. Cette situation traduit une inadéquation entre formation et marché de l’emploi.
- Résultats contrastés au bac: en 2025, le baccalauréat technique a affiché un taux de réussite d’environ 53,6 %, nettement meilleur que l’enseignement général.
- Déficit d’enseignants: il manque plus de 1 300 enseignants dans le pays, notamment dans les disciplines scientifiques et techniques.
- Inégalités d’infrastructures: le Gabon compte 26 établissements d’enseignement technique et professionnel, contre 365 établissements d’enseignement général, ce qui limite l’accès aux formations pratiques.
- Faible niveau en mathématiques: seuls 10 % des élèves entrant en 6ᵉ ont le niveau requis en mathématiques, selon le rapport Dynamiques du développement en Afrique 2024.
Modernisation ou mauvaise priorité ?
Pour ses partisans, l’uniformisation des coefficients doit permettre plus d’équité entre les disciplines et une meilleure cohérence du système. Mais pour ses détracteurs, l’urgence est ailleurs: préparer les jeunes Gabonais à relever les défis économiques et technologiques, via un investissement accru dans les sciences et les matières techniques.