Présidentielle 2025 : quand la quête de nomination prend le pas sur l’engagement

Depuis la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, une nouvelle forme de campagne s’est engagée au Gabon. Brice Clotaire Oligui Nguema a été déclaré vainqueur avec 94,85 % des voix, mais dans les coulisses, une autre bataille fait rage. Celle-ci ne se déroule plus dans les urnes, mais sur les réseaux sociaux, dans les colonnes de presse et au détour de stratagèmes soigneusement orchestrés. En ligne de mire : une nomination au sein du futur gouvernement.
Depuis quelques jours, les plateformes numériques bruissent de publications sponsorisées, de portraits élogieux, d’interventions en direct, parfois d’attaques voilées entre personnalités, toutes animées par un même objectif : attirer l’attention du président élu et se positionner dans l’architecture politique à venir. Articles laudateurs, slogans improvisés, photos de terrain mises en avant, démonstrations de loyauté ou d’expertise soudaines… L’espace public se transforme en vitrine de promotion personnelle.
Cette effervescence révèle un mal plus profond : la tendance persistante à confondre engagement pour le pays et quête de poste. Comme si le seul moyen d’être utile au Gabon était de faire partie du gouvernement ou d’être associé à l’exécutif. Pourtant, l’ambition personnelle, lorsqu’elle écrase l’intérêt collectif, devient un frein plutôt qu’un moteur pour la nation.
Car le redressement du pays ne pourra reposer uniquement sur ceux qui sont nommés. Il devra s’appuyer sur toutes les forces vives : fonctionnaires, enseignants, entrepreneurs, chercheurs, artistes, leaders associatifs, citoyens de l’ombre. Être absent du gouvernement ne devrait pas être synonyme d’exclusion du projet national. Au contraire, c’est aussi en dehors des hautes sphères qu’une nation se construit durablement.
Alors que le chef de l’État prépare son équipe et trace la feuille de route de son mandat, il importe de rappeler que servir le Gabon ne se limite pas à occuper une fonction officielle. Il s’agit avant tout de contribuer, là où l’on est, avec ce que l’on a. De faire preuve de rigueur, de loyauté et d’idées.
À l’heure où les projecteurs sont braqués sur les futurs ministres, directeurs généraux ou conseillers spéciaux, il serait dommage que le débat public se réduise à une foire aux ambitions. Il est encore temps de recentrer l’attention sur les véritables priorités : l’école, la santé, l’emploi, la justice, la relance économique, la cohésion sociale.
Loin des jeux de posture, la reconstruction du Gabon exigera des actes, pas seulement des apparitions. La politique spectacle doit laisser place à une gouvernance sobre, inclusive et tournée vers les résultats. Car ce qui comptera, ce ne sera pas qui a été vu, mais ce qui aura été fait.