Gabon : Port-Gentil accueillera bientôt la première prison pour mineurs du Gabon

Le Gabon amorce une réforme significative de son système carcéral avec le lancement officiel de la construction de sa toute première maison d’arrêt pour mineurs, à Port-Gentil. Un projet inédit, porté avec ténacité par Greta Marat-Abyla, présidente du tribunal pour enfants, et qui répond enfin aux exigences du Code de l’enfant gabonais.
Jusqu’ici, le pays accusait un retard préoccupant dans la gestion de la détention juvénile. Dans la plupart des centres pénitentiaires, les enfants en conflit avec la loi étaient incarcérés aux côtés d’adultes, exposés à des violences, à la promiscuité, et à des situations qui compromettaient gravement leur avenir. Ce constat, maintes fois dénoncé par les défenseurs des droits de l’homme, semble enfin avoir trouvé un écho dans les sphères décisionnelles.
C’est à Port-Gentil que les lignes bougent. La cité pétrolière abritera prochainement une maison d’arrêt spécifiquement dédiée aux enfants. La structure sera intégrée à l’actuelle prison centrale, mais disposera d’un espace totalement distinct, tant pour les garçons que pour les filles. D’après les détails fournis par le quotidien L’Union, le site comprendra des chambres équipées de sanitaires, une infirmerie, un réfectoire, des bureaux pour le personnel, un espace pour les professionnels de l’accompagnement psychologique et social, ainsi qu’une aire de jeux et une salle polyvalente.
Derrière ce chantier, il y a surtout une femme, Greta Marat-Abyla, qui n’a cessé d’alerter sur les conditions indignes dans lesquelles vivaient les mineurs en détention. Quatre années de plaidoyer, ponctuées de rencontres, d’initiatives pilotes et de sensibilisation. Elle avait déjà salué les efforts du directeur de la prison centrale, Ismaël Ngoussi, pour avoir amorcé quelques réformes en interne : création d’un espace séparé, mise à disposition d’une télévision, et organisation de cours pour les jeunes détenus.
La pose de la première pierre, présidée par le gouverneur de l’Ogooué-Maritime, Jean Robert Nguema Nnang, est donc plus qu’un geste symbolique : elle représente une volonté politique affichée, celle de rendre la détention des mineurs plus humaine, plus conforme aux normes internationales, et surtout, plus respectueuse de leur droit fondamental à la réinsertion.
Cependant, cette avancée ne doit pas masquer les défis à venir. Construire un bâtiment est une chose. Le rendre fonctionnel, avec du personnel formé, des programmes éducatifs adaptés et un véritable suivi psychologique, en est une autre. Le Gabon ne peut se contenter d’une vitrine juridique : il doit faire de cette maison d’arrêt un modèle de prise en charge, où la sanction ne sera pas une finalité, mais un tremplin vers la réintégration sociale.
Ce projet pilote à Port-Gentil pourrait ainsi devenir une référence. À condition qu’il s’accompagne de moyens, de rigueur et d’une réelle volonté de changement systémique dans l’approche de la justice des mineurs au Gabon.