Ntoum : distribution tardive de manuels scolaires gratuits en pleine campagne électorale

Près d’un mois après la rentrée scolaire, la ministre d’État à l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume-Leclerq, a procédé le vendredi 19 septembre 2025 à la remise officielle des manuels gratuits aux enfants du Centre d’éducation préscolaire de Ntoum. Une initiative qui s’inscrit dans la politique de gratuité des manuels scolaires annoncée afin d’alléger la charge financière des familles et de favoriser l’accès à l’éducation dès le plus jeune âge.
Si l’objectif affiché est louable, le timing interroge. Alors que la rentrée administrative s’est tenue entre le 25 et le 29 août, et que les élèves ont repris le chemin des classes dès le 1er septembre pour le public et le privé, la distribution de ces ouvrages n’intervient que le 19 septembre, soit près de trois semaines plus tard. Un décalage qui soulève des inquiétudes sur l’efficacité logistique et la planification d’une réforme pourtant présentée comme prioritaire.
Au-delà du retard, la symbolique politique de l’événement ne passe pas inaperçue. La première remise s’est tenue à Ntoum, fief électoral de la ministre de l’Éducation nationale, qui brigue un siège de député lors des législatives prévues le 27 septembre prochain. En pleine campagne, cette action, bien que relevant d’une politique nationale, peut être perçue comme une tentative d’influencer l’opinion locale et de séduire un électorat constitué en grande partie de parents d’élèves directement concernés par la gratuité des manuels.
Certains observateurs n’hésitent pas à y voir une forme de clientélisme déguisé : offrir un avantage concret à une frange ciblée de la population à quelques jours du scrutin. D’autant plus que le lancement de la mesure, qui devrait à terme couvrir l’ensemble des établissements publics du pays, aurait pu se faire ailleurs qu’à Ntoum pour dissiper tout soupçon de calcul électoral.
Une politique à consolider
Malgré ces interrogations, la gratuité des manuels scolaires demeure une avancée sociale majeure si elle est appliquée de façon équitable et pérenne. Elle pourrait contribuer à réduire les inégalités entre zones urbaines et rurales, où les familles peinent souvent à fournir les fournitures scolaires nécessaires. Encore faut-il que la mesure échappe aux récupérations politiques et s’inscrive dans une véritable stratégie nationale, respectueuse du calendrier scolaire et des principes de neutralité de l’État en période électorale.