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Présidentielle 2025 : gratuité des transports en commun, une mesure inadaptée face aux difficultés financières de Sogatra et Trans’Urb

Le mercredi 9 avril 2025, le ministre des Transports a annoncé que, lors du scrutin prévu le 12 avril 2025, les transports en commun assurés par les sociétés Trans’Urb et Sogatra seraient gratuits sur l’ensemble du territoire national. Cette initiative vise à faciliter le déplacement des citoyens vers leurs bureaux de vote, dans un esprit de transparence et de participation démocratique.

Cependant, cette mesure suscite des interrogations, notamment au regard des difficultés financières et opérationnelles que rencontrent ces deux sociétés de transport.

Sogatra, la Société Gabonaise de Transport, peine à surmonter des problèmes financiers récurrents malgré une subvention publique annuelle de 1,7 milliard de FCFA. Cette aide ne suffit pas à redresser la situation, et la qualité du service reste irrégulière. En mai 2024, l’entreprise a dû mettre fin à la gratuité de ses services, introduisant un nouveau modèle tarifaire dans un effort pour assurer sa viabilité financière. Pourtant, ces efforts n’ont pas permis d’améliorer durablement la situation de l’entreprise, qui continue de souffrir d’un manque de ressources pour moderniser sa flotte et garantir une offre régulière.

De son côté, Trans’Urb fait face à des problèmes similaires. En dépit des subventions de l’État, l’entreprise lutte contre des impayés de salaires et a dû faire face à des grèves répétées en raison de retards de rémunération pouvant atteindre deux mois. En 2024, l’État a alloué 3,5 milliards de FCFA pour maintenir la gratuité du transport public, mais cette subvention n’a pas permis de résoudre les problèmes structurels de Trans’Urb. L’entreprise reste en proie à une gestion financière fragile, avec des services irréguliers et une flotte vieillissante, entraînant ainsi une baisse continue de la qualité du service.

Une gratuité aux conséquences discutables

La gratuité des transports en commun, instaurée en avril 2020 en réponse à la pandémie de COVID-19, a engendré des coûts considérables pour l’État gabonais, s’élevant à 13 milliards de FCFA à la fin de l’année 2022. Cependant, cette mesure n’a pas permis d’améliorer la qualité du service, les deux sociétés continuant de faire face à des problèmes financiers majeurs. Bien que l’intention d’améliorer l’accès au transport public soit louable, la gratuité n’a pas permis de répondre aux véritables besoins structurels des entreprises de transport.

Une réduction tarifaire comme alternative

Face aux difficultés actuelles, une alternative plus viable aurait été d’opter pour une réduction des tarifs plutôt que pour une gratuité totale. Une telle mesure permettrait de générer des revenus pour les entreprises de transport, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité des services tout en allégeant la charge financière de l’État. Par ailleurs, cette approche aurait encouragé une utilisation plus rationnelle des transports publics, en incitant les citoyens à faire un choix plus responsable quant à leurs déplacements.

La problématique de la gratuité : un risque pour l’équité électorale ?

Une autre problématique qui mérite d’être soulevée est le risque de favoriser, par cette gratuité, le phénomène des « boeufs votants ». En effet, en permettant un accès gratuit aux transports le jour du scrutin, il pourrait se produire une manipulation de la participation électorale, où certains groupes ou individus pourraient être incités à voter sous de fausses promesses ou pressions. Ce phénomène pourrait ainsi entacher la sincérité du scrutin et compromettre l’intégrité du processus électoral.

Il est important de reconnaître que la gratuité des transports en commun pourrait effectivement apporter une aide aux populations, notamment celles aux revenus modestes, en facilitant leur accès aux bureaux de vote. Toutefois, cette solution reste partielle et ne prend pas en compte les défis à long terme des sociétés Sogatra et Trans’Urb. Il aurait été plus judicieux de proposer des prix forfaitaires accessibles, permettant non seulement de soutenir les citoyens, mais aussi de contribuer à l’essor de ces entreprises publiques en difficulté. Une tarification modérée, au lieu de la gratuité totale, aurait permis d’équilibrer les enjeux démocratiques tout en soutenant la pérennité et la qualité du service public de transport.

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