Libreville : la juge d’instruction des enfants du 2ᵉ cabinet suspendue pour manquements professionnels

Le président du tribunal de première instance de Libreville, Jean Gaël Doumbeneny, a signé une ordonnance portant suspension de la juge d’instruction des enfants en charge du 2ᵉ cabinet, Mme Leïla Charlène Ndondo Ngossa épouse Leyigui, pour une durée de trois mois.Cette décision, rendue le 30 octobre 2025, fait suite aux réquisitions du procureur de la République et à une requête déposée par Me Kiely Houndi, sollicitant le dessaisissement de la magistrate dans le cadre de la procédure P.R n°377/25-26-MP, opposant Pango Loungou Warren Aaron, représenté par Me Ndingha Chastel Mireille, à Adanho Ngoubandjambo Evrard Sedjro, Imounga Saturnin Reven, Vicente Mary, Wouono Emvahou José Amir et Ogandaga André Mathieu.
Selon l’ordonnance du président du tribunal, la juge suspendue aurait manqué aux convenances de son état et à la délicatesse de sa fonction, notamment en recevant les parents du mis en cause hors la présence des parents de la victime, ce qui constitue une entorse aux principes d’impartialité et de transparence qui régissent l’instruction judiciaire.
Il lui est également reproché d’avoir délivré une ordonnance de placement à l’endroit de deux mis en cause, Adanho Ngoubandjambo Evrard Sedjro et Ogandaga André Mathieu, tout en renvoyant le reste de l’affaire pour cause de coupure d’électricité, alors qu’elle aurait pu, selon l’ordonnance, poursuivre l’instruction manuellement, la saisie par ordinateur n’étant pas une obligation légale.
Une mesure disciplinaire à titre conservatoire
Considérant la gravité des faits reprochés et les perturbations sociales que ceux-ci auraient engendrées, le président du tribunal a estimé nécessaire de prononcer une interdiction temporaire d’exercer à l’encontre de la juge concernée. Cette suspension, d’une durée de trois mois, prend effet à compter de sa notification, conformément à l’article 150 de la loi n°040/2023 du 26 octobre 2023 portant statut des magistrats.
Cette affaire, rare dans le corps judiciaire gabonais, relance le débat sur la déontologie et la responsabilité des magistrats, dans un contexte où la justice se veut plus rigoureuse et exemplaire vis-à-vis de ses propres acteurs.



